Giro: "On est en train de détruire notre sport", le coup de gueule de Madiot après la 13e étape raccourcie

Giro: "On est en train de détruire notre sport", le coup de gueule de Madiot après la 13e étape raccourcie

Il avait un coup de gueule à passer. Présent ce samedi dans Les Grandes Gueules du Sport sur RMC, Marc Madiot n’a pas mâché ses mots au sujet du Giro et plus globalement sur le cyclisme moderne. Considérée comme le premier grand rendez-vous en montagne, la 13e étape du Tour d’Italie a été raccourcie vendredi après un bras de fer entre le peloton et les organisateurs.

Alors que des trombes d'eau s'abattaient sur Borgofranco d'Ivrea, où la course devait s'élancer, le départ a été décalé de quatre heures et au lieu d'emprunter le col du Grand-Saint-Bernard, censé être le point culminant de ce Giro et qui avait déjà été raboté à cause d'un enneigement trop important, les coureurs, après un transfert en bus, ont attaqué directement par la Croix-de-Cœur. Au final, les coureurs n’ont avalé que 74 bornes sur les 199 initialement au menu. Une situation jugée incompréhensible par Madiot.

"Avec le Giro, on fait une nouvelle faute. Le cyclisme est un sport où on va au bout de ce que l’on est. On est en train de détruire notre sport en répétant des actions comme celles de vendredi. Je vais reprendre une boutade de Daniel Mangeas qui disait: ‘On n’est pas à Roland-Garros, on ne met pas la bâche.’ Le cyclisme est en train de mettre la bâche, on est en train de renier ce que nous étions", a lancé le manager de Groupama-FDJ sur RMC, en citant l’exemple de Bernard Hinault et de sa victoire dans des conditions dantesques en 1980 sur Liège-Bastogne-Liège.

"Sur le Giro, le tracé n’était pas trop difficile"

"C’est fini, ça ne se reproduira plus. Je suis désolé, mais bon nombre de coureurs ne pourront jamais dire ça, ils sont en train de perdre le fil de ce qu’est l’histoire de notre sport, ce qu’on a pu entendre sur les légendes d’Eddy Merckx, les morceaux de bravoure de Luis Ocaña… J’ai du mal à trouver les mêmes choses sur les dernières années. Il y a encore des coureurs qui se font mal, qui vont au-delà de leurs propres limites physiques, mais on est en train de perdre le côté historique de notre sport. Le cyclisme c’est quelque chose que l’on fait et que les autres ne peuvent pas faire", a-t-il insisté. Pour lui, c’est simple, certains coureurs ne se font plus aussi mal qu’avant.

"Si notre sport a une telle histoire, s’il y a des gens sur le bord de la route, c’est parce qu’il y a eu ces moments. Sur le Giro, le tracé n’était pas trop difficile! Il faut arrêter avec ça. On n’est pas obligé d’être coureur cycliste. On a le droit d’abandonner. En 1980, quand Hinault gagne Liège, il y a 20 coureurs à l’arrivée. On a le droit de succomber à la fatigue, au froid. Mais on ne va plus dans ces limites qui font la grandeur de notre sport. On a un sport fantastique, qui fait appel à quelque chose qu’on ne retrouve pas ailleurs et on est en train de le perdre. Les gens veulent saisir quelque chose qu’on ne voit nulle part ailleurs. Si on enlève ça, on devient un sport aseptisé et on met la bâche." Le message est passé.

Article original publié sur RMC Sport